Le Rêve Américain – Part XVI – Pacific rim to Big Sur

Comme prévu, ce matin en ouvrant la tente, je tombe face à un océan de 10000km de large. Ca rend humble dès le réveil. Et je risque de le voir encore un bout temps aujourd’hui… Je ne perds pas de temps, remballe tout car encore une fois j’ai pas mal de route à faire, et pas de l’Interstate pour le coup. La roadmap de la journée, c’est de suivre la Highway n°1, qui relie L.A. à San Francisco en longeant la côté Pacifique. Les gens lui préfèrent largement la 101 ou l’I-5, beaucoup plus larges, directes et rapides. Tant mieux, ca fera moins de monde sur ma route.

Je quitte donc Malibu, laisse sur ma gauche un plage avec ses cahuttes de surveillance et ses pick-up jaunes marqués LIFEGUARD, mais la plage est déserte et les cahuttes aussi, pas de maillot rouge ni de bouées à l’horizon.

Je passe par des noms connus (ou pas) : Mulholland, Point Mugu et Santa Barbara. A Point Mugu, grande base de l’US Navy, je tombe sur le Missile Park. Nom charmant d’un petit bout de terrain en bout de piste où sont exposés tous les modèles de missiles qui ont été testés ici, en partant du Loon, copie made in USA du V-1 allemand au tout dernier AMRAAM en passant par l’ICBM Polaris. Histoire de rendre la chose plus ‘humaine’, un Phantom et un Tomcat encadrent le tout.


Je continue ma route qui m’emmène directement vers Vandenberg AFB, une des bases les plus grandes et les plus discrètes de l’US Air Force. Siège de l’US Space Command, la branche spatiale de l’USAF, et bordée à moitié par le Pacifique, il est très difficile de savoir ce qui s’y passe. On sait toutefois que c’est un site de lancement de fusées, que c’est un des sites de récupération de la Navette Spatiale en plus Cape Canaveral et Edwards AFB. Il y a ici quelque part une piste de près de 5000m de long qu’on ne verra… jamais ! L’USAF avait ici tout ce qu’il faut pour lancer discrètement la Navette, loin du Cape et des médias, pour lancer un satellite militaire. Ils ont laissé tombé la Navette, mais continuent à y utiliser des fusées Delta

Chemin faisant, je teste quelque chose qui devait m’arriver en faisant plus de 6000km de route dans le pays. Je roulais tranquillement à 80MPH sur une route soit disant limitée à 65MPH, avec personne pour m’embêter à ce sujet, quand je croise au détour d’un virage un groupe de quatre voitures de tourisme. L’une d’elle est noire… à capot blanc, avec une étoile sur la porte. Mince le sheriff ! A peine l’ai je croisé que je le vois dans le rétro se ranger sur le bas côté et faire… demi-tour ! Hum, c’est pas courant que les sheriffs se trompent de chemin, s’il fait demi-tour, c’est qu’il doit avoir une bonne raison, et j’ai bien peur que la raison soit moi ! Je me visse une auréole sur le crâne en réglant promptement le cruise sur 60MPH. Le sheriff grossit dans mon rétro, et se colle derrière moi. Pas de gyrophare, pas de mégaphone, je continue ma route comme si je n’avais rien remarqué pendant 500m. WOUUUHOOUP, un coup de sirène, un coup de cligno, et je me range bien sagement sur le bas côté. John Wayne descend de sa voiture, et vient à ma fenêtre. Il me sort un charabia à la patate chaude parmi lequel j’extrais « Eighty, radar, driving license » et surtout un air pas content. Je prends mon air de chien battu, et mon plus bel accent français pour lui sortir un « EEuuhh, saurry, aille ame frencheu, coulede iou spiiik slauli plize ? »

« Driving license sir ! ». Je lui tends le bout de papier rose, il regarde ça avec circonspection. Je sens à son expression que son envie de se lancer dans la paperasse est très faible. Espoir… Soudain, son talkie walkie crache un truc inaudible mais qui à l’air important. Il ajuste le volume, et écoute. Il se baisse à ma portière, me redonne mon papier rose, et me lance un « Speed limit is 65, do you understand ?? 65, be careful !! ». et il repart à sa voiture au petit trot. Ouuufff, je sais pas à quel bandit ou catastrophe je dois une belle chandelle, mais me voilà reparti sur la route et sans avoir dû débourser le moindre dollar… Ouuffff !

J’arrive à Lompoc, ville attenante à Vandenberg, et pousse sur une petite route qui va plein Ouest jusqu’au Pacifique, en traversant littéralement toute la base (dont on ne voit rien). Et j’arrive ainsi à … Surf Beach, jolie petite plage…. à deux pas des sites de lancement, dont on distingue le haut des structures derrières une colline. Comble du comble, cette plage, à 15km de toute habitation, est desservie par un arrêt de l’Amtrak ! Et cela parait normal à tout le monde. Paradoxe américain.

Je continue ensuite vers le nord, en longeant le Pacifique et ses superbes plages. Pas beaucoup de surfers aujourd’hui, mais plutôt des planches à voile et des kite-surf, normal vu le vent à décorner un Big Horn !


Et ce ne sont pas les seuls à en profiter. Je tombe sur un coin garni de pélicans, cormorans et autres oiseaux marins qui s’en donnent à coeur joie le long de la falaise. Je monte le téléobjectif et m’en donne à coeur joie aussi !





Un peu plus loin, c’est une colonie de phoques se dorent la pilule sur une plage.


J’arrive enfin sur la dernière partie de la route, entre San Simeon et mon étape du soir : Big Sur, à 40km au sud de Monterey. Cette dernière partie ressemble plus à une route européenne. Deux voies, sinueuse, qui monte et qui descend, sans visibilité, coincée d’un côté par l’océan et de l’autre par les montagnes. Et surtout, pas une âme qui vive sur 100 miles. Un coin encore complètement sauvage et protégé pour ça. C’est le genre de route que j’adore, même si ça aurait été plus marrant avec une boite mécanique. Bien plus intéressant que l’Interstate.

Je trace ma route, et arrive en fin d’après à Big Sur, petit coin de paradis au milieu d’une grande forêt de séquoïas. Je plante ma tente et tente ma chance pour aller photographier le coucher de soleil sur l’océan. Une léger voile de brume sur l’eau masque légèrement les derniers instants de la journée, mais pas assez pour cacher un spectacle unique et inédit pour ma part : le rayon vert !!!



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