PNW’13 – Day 14 – to Olympic Peninsula

Finalement le feu d’artifice du 04 juillet était contrasté. Le bon côté c’est qu’il a duré 30min, avec de beaux tirs, sans doute tout le catalogue de l’artificier. Le mauvais côté c’est qu’ils étaient allumés un par un et ça avait un goût de «vas-y, Gérard, fait tout péter d’un coup parce qu’on s’ennuie là». En rentrant au camping, je tente une marche arrière pour me garer sur mon emplacement alors qu’on n’y voit goutte. Je me dis que je me faciliterai ainsi la vie pour repartir le lendemain à l’aube. Je recule et bam, me mange la grosse table en bois dans le pare-chocs. Je pars me coucher furax.

Réveil tot, 5h30, argh, les vacances, mon oeil ! Je plie en vitesse, habitué à la manoeuvre désormais. Il fait déjà jour et c’était vraiment pas la peine de se garer en marche arrière hier soir ! Bon heureusement la bugne est relativement discrète, mais l’ego a un peu plus souffert. Je fais la route vers Orcas Village et me retrouve dans la queue pour le ferry d’Anacortes sans souci. J’essaye de réserver pour la ligne Coupeville-Port Townsend que je devrai emprunter un peu plus tard dans la journée, mais le service téléphonique n’ouvre qu’à 7h et à cette heure là on sera pile en train d’embarquer. Tant pis on va y aller comme ça, en attendant je prolonge un poil la nuit avec une power nap dans la file d’attente du ferry.

Mon ferry fait escale sur les deux autres îles des San Juan, à savoir Shaw et Lopez, et une heure plus tard nous voilà à Anacortes. Aspect pratique, c’est toujours gratuit dans ce sens ! Je ravitaille titine qui commence à avoir soif, puis direction Coupeville au bout de la péninsule, en passant par le petit détroit de Deception Point. J’arrive à 10h à Coupeville, mais le temps de faire la queue et que ceux avec réservation nous passe devant, le bateau de 10h15 part sans moi. La mémoule, à 5min ça passait sans doute. Le guichetier m’indique qu’il y a pas mal de monde aujourd’hui et qu’il ne sait pas si je serai sur le 11h ou le 11h45… Argh. Désormais habitué à la manoeuvre, je me mets en ligne et … power nap !

Finalement on me donne une place sur le 11h sans souci. 30min plus tard, retour sur terre ferme à Port Townsend. Ca donne l’air d’être une ville historique, mais pas vraiment le temps de m’arrêter je pousse jusqu’à Port Angeles avant de poursuivre sur Olympic National Park. Ce parc couvre une bonne partie de la péninsule Olympique, bordée par le pacifique à l’ouest et le Puget Sound à l’est, en face de Seattle. Elle doit son nom à l’imposant massif montagneux dominé par le Mt Olympus, culminant à près de 2400m.

L’estomac a raison de moi à mi-chemin et je m’arrête pour mon premier Double Whooper du voyage. Après quasiment deux semaines dans le pays, c’est un record d’abstinence ! Arrivé à Port Angeles, je repère l’UPS Store et récupère mon boîtier photo qui va m’accompagner pour la dernière semaine du voyage. En général tout est simple avec UPS aux US, mais ici on me demande 10$ pour avoir fait le babysitting du paquet le temps d’une journée. Je tique un peu, demande des explications, et la fille lâche l’affaire plutôt que tout expliquer encore une fois à ce français qui ne veut pas comprendre.

Je repars avec mon 5D et tente la route de Blue Mountain. J’ai des doutes car les sommets sont accrochés par nuages comme la veille et ils sont là pour durer. J’attaque la route, qui se transforme en piste sur huit miles. Elle m’emmène à plus de 1800m en partant du niveau de la mer, une jolie piste, mais comme d’habitude au beau milieu des conifères et le seul point de vue se situe à la fin. Sauf que ça ne loupe pas, le sommet et dans la brume ! Mémoule, aujourd’hui. On voit un peu la chaîne des Olympic sans distinguer les sommets… je redescends. La vue dans l’autre sens est un peu mieux, avec des vues sur Port Angeles et le Juan de la Furca strait mais somme toute fugaces.

Lake Crescent

Il y a une autre route de montagne que j’avais sur mes tablettes, sur Hurricane Ridge,  mais c’est encore plus haut et ça à toutes les chances d’être dans la brume également. Je vais directement sur Crescent Lake. C’est un beau lac alpin au milieu d’une foret bien dense de conifères. Je m’arrête à la Ranger Station pour demander la météo des campings, avec dans l’espoir de pousser jusqu’aux plages de LaPush et Rialto sur la côte pacifique et de coucher au campground le plus proche de ces plages. La Ranger de service ne me renseigne qu’à moitié, mais a priori Mora ne semble pas complet. Mais elle me précise que nous sommes le lendemain du 4 Juillet et pour beaucoup d’Américains cela marque le début des vacances d’été. Je reprends la voiture et presse la marche jusqu’à Mora. Je croise pas mal de voitures en face et ça n’annonce rien de bon. J’arrive sur Mora qui indique «Full». Argh, démoule aujourd’hui ! Le prochain campground est au moins à 15 miles. Quitte à être là je vais voir Rialto beach et c’est un spectacle assez incroyable.

Dead wood over Rialto

Rialto beach

D’abord les embruns qu’on voit avant de voir le reste. Soulevés par les vagues, ils créent une brume épaisse qui rentre dans les terres et brûle de sel les premières rangées d’arbres. Ensuite un cimetière de troncs d’arbres énormes, blanchis par l’eau salée et déposés sur la plage par les rouleaux. Il y en a une quantité extravagante, et ce ne sont pas de petits débris de bois, mais des pins entiers d’une taille incroyable. Et enfin les rochers au large qui ponctuent la côte, et qui en faisait autrefois partie. L’érosion a fait son travail, en creusant d’abord une arche dans la falaise, puis l’arche et tombé, la falaise a continué à reculer et le rocher est resté ou il est maintenant entouré par la mer et hors d’atteinte. Cela n’empêche pas la verdure et les pins de les recouvrir entièrement.

Rialto beach

Rialto beach

Cela est superbe, ce le sera encore plus au couché de soleil, et d’ici là il me faut un camping. Je reprends la voiture et refais la route en sens inverse. Le parc n’occupant que la côte et pas tout l’intérieur des terres, sur la route on trouve des campings privés mais c’est tout en « No vacancy ». Je traverse la ville de Forks renommée pour la saga Twilight. Les vitrines sont placardées de posters à l’effigie de Kristen Stewart & Robert Pattinson, et à l’intérieur on peut acheter des figurines et des magnets à leur effigie. Ai-je un ennemi à qui je pourrais offrir cela ? Non, ce serait vache. Je pousse encore d’une dizaine de km jusqu’au Bogachiel campground, ou un gentil Ranger me souhaite la bienvenue. Il a passé quelque temps à Grenoble et est bien content de tomber sur un Frenchie. Je trouve mon spot, plante ma tente, et souffle un coup enfin rassuré car les prochains campings auraient été vraiment beaucoup plus loin.

La Push Beach

Une demi-heure de voiture plus tard et me revoilà sur la côte, ce coup ci du côté de La Push, qui est aussi une réserve d’indiens Quileute. La plage est une grande baie à surfeurs. Nombre d’entre eux crèchent sur la plage, à l’abri des regards au milieu des énormes troncs d’arbres. Je me demande si je ne suis pas un peu bête d’avoir fait soixante bornes A/R pour planter ma tente… Là aussi beaucoup d’embruns et beaucoup de troncs blancs. Des gamins font péter des reliquats de feux d’artifices de la veille, d’autres jouent du cerf volant. J’en profite pour tomber les chaussures et tremper les pieds dans le Pacifique. Là , tout droit, en face, c’est le Japon à plus de 7000km. Si loin si proche, la côte ouest américaine reçoit depuis plusieurs mois des débris flottants liés au tsunami de 2011. Il y a même un morceau complet de port flottant qui s’est échoué un peu plus au sud. Des pancartes vous indiquent que faire si vous rencontrez ces débris, dont certains sont susceptibles d’être radioactifs suite aux problèmes à Fukushima. Cela étant dit, les locaux ne font pas les malins vis-à-vis des tsunamis car toute la côte de l’Oregon et de l’état de Washington sont une zone à risque, et d’autres pancartes vous indiquent la marche à suivre en cas d’alerte. Abandonnez-tout, rentrez dans les terres, visez les points hauts. Certaines routes sont marquées comme itinéraire d’évacuation. Toutefois, là les pieds dans l’eau, on se sent bien loin de tous ces petits tracas, on ferme les yeux et on est bien.

LaPush

LaPush

Si on regarde derrière la plage, on voit la communauté Quileute qui ne doit pas être bien riche. Les baraques sont basiques et en piètre état. L’école locale propose un atelier de gravure sur bois pour apprendre aux gosses à continuer la tradition locale. Les boutiques à touristes regorgent de ces petites sculptures. Je retourne à Rialto pour aller manger mon sandwich et contempler le coucher de soleil. Le soleil a tourné par rapport à tout à l’heure et les rochers sont un peu mieux éclairés. Je me pose sur un tronc, mange mon sandwich de station essence bien dégueux, et attends, attends, attends que ce soleil daigne bien se coucher, et il fait froid, froid, de plus en plus froid car le vent souffle. Je poireaute près d’une heure dans les embruns et la brise de mer il commence à bien cailler, mais voilà que le soleil rougeoie à l’horizon, et va jouer à cache-cache avec un des ces rochers-ilots isolés en plein océan.

Sunset

Sunset

Sur ce, re-30km pour aller me coucher. En voulant sortir mon appareil photo perso du coffre, la lanière reste coincée dans je-ne-sais-quoi, il me glisse des mains et retombe lourdement dans le coffre. Je checke, il s’allume, mais j’ai comme une mauvaise intuition. Après l’objectif en début de séjour, je m’en veux vraiment. Mais je me dis que j’ai sans doute eu une bonne idée en louant le 5D pour la semaine à venir.

Dusk over Rialto

Retrouvez toutes les images ici
To Olympic national Park

To Olympic national Park

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