Colorado


Si on m’avait dit qu’en emménageant à Salon, je serai à moins d’une heure de voiture du Colorado, je n’y aurais pas cru. Pour la bonne raison que la dernière fois que j’y suis allé, il m’a fallut 10h d’avions et autant de voiture. Et pourtant ce n’est que la stricte vérité. C’est assez surprenant, mais quelques part au milieu de la campagne française, une déformation de l’espace-temps vous transporte directement à 9000km de là, dans l’esprit « Ruée vers l’Ouest ».



Des terres rouges, oranges et jaunes, rongées par l’érosion, des décors improbables : l’illusion est presque parfaite. Mais en cherchant bien, on découvre rapidement le subterfuge. Déjà les cigales trahissent l’ambiance comme un air de samba au beau milieu d’une grande messe. Ensuite, au-delà du rouge, l’horizon est bordée de verdure et de petits villages aux clochers bien français. Enfin, les Rangers ont un drôle d’accent, peuchère. Non pas de doute, ici c’est bien le Lubéron. L’illusion en question est en fait donnée par d’anciennes carrières d’ocres qui étaient mondialement réputées il n’y a pas si longtemps que cela.
Depuis la chimie industrielle a créé des colorants bien meilleurs marchés, mais avant cela, c’étaient les pigments extraits de ce bout de Provence qui teintait vêtements, briques, céramiques etc. La gamme de terres disponibles va du rouge au violet en passant par des nuances de verts, de jaunes, de roses qui sont effectivement bien plus classiques du coté de Moab et de Bryce Canyon qu’au sein de notre brave vieille Europe. Mais cela n’a pas suffit et les carrières ont du fermer.



Aujourd’hui, seul le tourisme fait vivre le Colorado Provençal (c’est son vrai nom), situé entre Roussillon et Rustrel, à quelques kilomètres d’Apt. Mais cette tâche de rousseur au beau milieu de nulle part vaut vraiment le détour. Alors il faut jouer le jeu, et mentalement remplacer « Départementale » par « Interstate », croire que les panneaux sont en miles et payer son Coke avec une poignées de dollars. Encore un effort et le bruit ambiant ne sera pas dû aux cigales, mais aux serpents à sonnette et l’illusion sera complète. Buffalo « Marius » Bill vous salue bien.



3 commentaires

  1. salut mon grand,

    moi aussi ca m’avait beaucoup plu a l’epoque.

    tu dois etre sur le depart desormais. profite bien de ces vacances meritees, prends un peu de cette lavande de ton pays d’adoption… et continue a nous regaler mon grand!

    pierre

  2. Mais qu’est-ce que j’ai fais de mes tofs des ocres moi? Hum… surement dans une boites à chaussures, avec les négatifs. Faudrait que je retrouve ça, parce que ça y ressemblait furieusement! 🙂
    J’vois qu’entre Apt et Valensole, tu t’embarques sur les mêmes routes que j’ai emprunté.
    Lumière un peu dure, mais couleurs forcément au top 😉

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