Juste au nord des chutes du Niagara se trouve la ville de Hamilton, au sud de Toronto et du lac Ontario. L’aéroport d’Hamilton abrite le Canadian Warplane Heritage, un musée dédiée aux avions flanqués de la cocarde à la feuille d’érable. Finalement le terme musée est un peu réducteur. Ici, c’est un musée vivant. Et à double titre. Primo, c’est un musée qui maintien en état de vol et qui fait voler une bonne partie de sa collection. C’est un parti pris, c’est un risque (celui de voir un bout de la collection partir en fumée au bout de la piste), mais les avions c’est fait pour voler. Pour le coup, ça m’a permis de voir un Firefly et un Lysander en l’air, c’est pas exactement très courant.
Secundo, c’est un musée-hangar dont une bonne partie de la surface est dédiée aux restaurations, et c’est impressionnant de voir la quantité de bénévoles qui s’y attellent. On comprends mieux pourquoi le parking est au deux tiers plein dès l’ouverture du musée. Pour la plupart des retraités, ces gens passent leur journée à «bricoler» (avec de gros guillemets tellement c’est du beau boulot) pour ramener une épave à un état impeccable, voir en état de vol. En l’occurrence, un Beech 18, un Avenger et un Bolingbroke était en chantier.
Un peu plus tard dans la journée, après un petit détour par le centre de Toronto, je suis allé voir le Canadian Air & Space Museum, qui pour le coup est l’antithèse du premier.
Pour autant je ne jette pas la pierre, quelque soit le résultat, l’action de préservation du patrimoine est louable. Pour le coup, c’est un tout petit musée (avec de grandes ambitions toutefois) qui a la grande qualité d’abriter une réplique métal d’un avion mythique au Canada, l’Avro Arrow. Mythique par sa taille et ses performances (intercepteur lourd classe Mach 2 fait pour la chasse au bombardier soviétique) et mythique par le coup de grâce infligé par le gouvernement de l’époque sous la pression des Etats Unis (qui vendaient du missile à la place). La mort de l’Arrow, c’était aussi la fin de 14000 jobs liés à son développement, et un coup d’arrêt à l’industrie aéronautique canadienne pendant 15 ans, avant que Bombardier ne ressorte sur la scène internationale. Les ricains ont eu la peau du TSR2 en Angleterre à la même époque (ils vendaient du F-111 à la place) et l’Arrow au Canada. Pendant ce temps là en France, on faisait le Mirage IV et pas grand monde avait le pouvoir de nous en dissuader. Sacré Général.
Réplique donc, parce que les cinq proto ont été ferraillé illico presto histoire que personne n’essaye de faire redémarrer le programme. Et très beau boulot la encore d’une petite équipe de volontaire qui s’est attelée à cette tâche monstrueuse.
Route au sud-ouest pour la suite du trajet, à travers l’Ontario. Pas grand chose à voir, alors on s’amuse des panneaux qui longe la route : on passe par Cambridge, York, on contourne Aberdeen, on dort à London. Et puis arrive Windsor, la ville au plus au sud du Canada (sic!) et on se retrouve en face de la skyline de Détroit, dominé par le building General Motorsn sur les rives du détroit entre le lac Erié et le lac Huron. Si le centre ville est plutôt sympa (la statue du poing de Joe Louis rappellera quelque chose à ceux qui suivent la série Hung), dès qu’on s’enfonce un peu dans la banlieue, on se rend compte que ce n’est pas très riche, d’autant plus que c’est une zone quasi sinistrée par la crise de 2009 qui a particulièrement touché l’automobile. C’est aussi ça les Etats-Unis.
Un dernier musée pour la route, le Henry Ford Museum, qui déborde de choses étonnantes : les voitures des présidents, dont celle de Kennedy, une voiture saucisse, de belles américaines évidemment, un DC-3, un Ford TriMotor qui est allé au pôle Sud et un Fokker trimoteur qui a essayé d’y aller, le tout premier hélicoptère digne de ce nom, un Bugatti Royale, la caravane de Charles Lindbergh et plein d’autres choses accumulés par Henry Ford et sa succession. Et puis un ciné IMAX aussi, histoire de finir la journée en se revoyait un très grand film, Inception, sur très grand écran. Demain, on rechausse le téléobjectif, il va y avoir du lourd en l’air.