Promenons nous, dans les bois…

Samedi 03 février, réveillé de bon matin par un rayon de soleil, je me dis « tiens tiens du beau temps en cette saison, c’est l’occasion d’aller faire un tour dehors pour voir si j’y suis ». Je nettoie le capteur, packe le sac photo, saute dans mes baskets en me disant que ça serait sympa d’aller faire un tour en forêt voir si on y croise des bêtes à poils ou à plumes.

Justement, on m’avait dit il n’y pas si longtemps que la Forêt de l’Hautil – une butte bordée par la Seine sur son flanc sud à 10km d’ici – était relativement sympa. Particularité : le sous-sol de la forêt est une ancienne mine d’extraction, désaffectée depuis plusieurs décennies, et depuis le sol s’écroule par endroit, créant des dépressions important appelées foncis, et est susceptible de s’écrouler encore ! Bien bien, il faut savoir vivre dangereusement…



Arrivé sur place, je suis pris par la sensation du lundi matin. Vous savez ces matins où vous vous pressez pour déjeuner, vous doucher etc. pour être le premier à l’ouverture de la Poste, pour pouvoir récupérer ce colis auquel vous avez pensé tout le week-end sans se mettre en retard pour le boulot. Vous vous pressez, vous courrez jusqu’à la Poste pour y découvrir que……. et m**** c’est lundi !!! Eh oui, ce lundi là, comme tous les autres lundis, la Poste est fermée ! Et bien la c’est pareil. Toute la matinée à se préparer pour ne pas partir trop tard, acheter la carte IGN pour ne pas se paumer, le coeur plein d’entrain en pensant à cette jolie ballade qui se profile, et voilà qu’arrivé sur place, je réalise que….. nous sommes en pleine période de chasse !

Je voulais des bêtes à poil, je suis servi ! Une bonne trentaine de chasseurs en plein concile sur le petit parking en bordure de forêt, avec bottes, 4×4, chasubles fluo réglementaire, fusils et munitions… « Hmmm, qu’est ce que je fais, j’y vais ou j’y vais pas ??? »… J’hésite cinq minutes, quand tout d’un coup, ils grimpent tous dans leur voiture et partent du parking ! Chic, la forêt est à moi !

J’enfile le matos et part dans la forêt. Je découvre assez rapidement les fameux foncis. C’est assez impressionnant de voir des cratères de 10m de profonds, 20 de large – avec tous les arbres qui ont été pris par l’effondrement au fond – parsemés à travers le terrain de manière erratique. Un peu comme la Pointe du Hoc mais en plus boisée ! Je continue sur ma foulée, l’oreille interpellée par le tambourinage caractéristique du Pic sur un tronc d’arbre. J’avance ainsi le nez en l’air, cherchant ce marteau-piqueur à plumes qui a sans doute un peu faim. J’avance, j’avance, et ne vois rien, quand soudain, j’entends un bruit de course et de branches cassées derrière moi. Je me retourne et me retrouve à dix mètres de trois chevreuils qui stoppent net leur course effrénée (quoi que bien freinée pour le coup).

Celle là je ne m’y attendais pas, pas aussi vite ! Je reste quoi et le temps de débloquer pour me dire « oh tiens Robin, mais ce sont des chevreuils, c’est pas rien quand même, je serai toi, je les prendrai en photo tu sais, mais je veux pas te brusquer hein… » bien sur je n’avais pas eu le temps de mettre l’oeil dans le viseur qu’ils étaient déjà repartis en courant dans l’autre sens. Une belle photo de la forêt que j’ai prise, mais bien vide, la forêt…

Jusque là tout va bien jusqu’au moment ou je me demande ce qui pouvait bien les faire courir comme ça. Réponse du berger à la bergère : BANG, BANG !!!!

??????

Comment ça BANG BANG ????? « Je les ai vus les chasseurs, ils sont partis ». Et bien oui mais non, ils sont partis du parking certes, mais pour aller se garer un peu plus loin dans un chemin de la forêt. Et voilà comment on se retrouve au beau milieu d’une partie de chasse avec une trentaine de chasseur et au moins autant de fusils alors qu’on voulait juste faire une photo ou deux… Interesting. Savoir vivre dangereusement disiez-vous ?

Bon ben j’y suis, j’ y reste et alea jacta est ! Pour le moment je les entends de loin, avec leur chien et les coups de cornes, mais pas encore vu, et pas vu, pas pris. Je poursuis donc jusqu’à tomber sur un mec en treillis avec un fusil… Hmm, difficile de faire celui qui n’a pas compris. Je m’arrête aussi, l’air embêté par cette rencontre, et le bonhomme m’indique qu’il n’y a pas de soucis, que si je vais par-ci au lieu d’aller par-là, j’éviterai le truc et retomberai sur mon chemin. Bien bien, j’irai donc par-ci. Je fais 200m et rebelote, 2 chevreuils qui passent en trombe derrière moi. C’est sympa de voir des bestioles d’aussi prêt, mais ce qui me soucis c’est qu’il y a sans doute trente bons-hommes qui ont ces bêtes dans le viseur, avec moi dans le champ par la même occasion. Bon, je ne traîne pas trop, au grand dam de mes amis chasseurs que je croise au détour d’un tronc d’arbre, et qui n’ont pas l’air très jouasses du bruit que je peux faire en marchant… La forêt est à tout le monde !

Finalement je sors (vivant) de la zone de chasse et continue à travers les foncis en redescendant vers la Seine. C’est vraiment une superbe journée, mais pas pour la photo. Je tente deux ou trois trucs sans grande conviction et sans grands résultats non plus. Au mieux quelques plantes… Je prends le chemin du retour, un peu en contrebas, en pensant avoir fini ma ballade. Je marche tranquillement, quand là encore, bruit de branches dans les buissons sur ma gauche. Je stoppe. J’écoute. Oui oui, il y a bien des trucs qui bougent là dedans… Je m’avance doucement, en limitant le bruit de mes pas, sur un petit chemin qui part à gauche. J’avance et ne vois rien de spécial. Un mètre encore et j’entends les animaux partir un peu plus loin. J’avance encore et tombe sur une clairière, et sur… l’entrée de la mine !

En guise d’entrée, un beau portique vermoulu qui donne sur un tunnel qui devient très vite très sombre. Pas équipé pour et plus intéressé par mes bestioles mystères que par les cryptes, je tourne les talons et reprends ma « traque ». Visiblement l’endroit est connu au vu des cannettes et autres résidus de fêtes qui jonchent le sol. Je tends l’oreille mais n’entends plus rien. Mince, je les ai fait fuir et c’est râpé. Je reprends alors mon chemin initial, et fais une cinquantaine de mètres jusque tomber sur un truc, là au milieu du chemin. Un bel étui en cuir, un étui de couteau. Je le ramasse pour m’apercevoir que, diantre, il n’est pas vide. (NDA : J’ai l’impression de raconter une partie de Zelda). Me voilà donc au milieu de mon chemin, avec une lame de 15cm dans la main, avec un beau manche en corne, mais du genre à avoir déjà bien vécu. Sans doute tombé de la ceinture d’un chasseur qui s’était arrêté là pour soulager sa vessie. L’eau, s’est bien connu, c’est diurétique…

J’admire ma trouvaille, en espérant que personne ne débarque sur l’instant, car je ne dois guère inspirer confiance entre ma lame et mon tromblon ! Crack… Bruits de branches… Oohooh ? Finalement ils n’avaient pas fuit bien loin, et la ils sont tout près, mais je ne les vois toujours pas. 1 2 3 Soleil je me fige, mon couteau à la main, surtout pas un bruit… Crack crack ça se rapproche. Ca ne doit pas être très haut, les hautes branches ne bougent pas. Plus rien. Ils ne bougent plus, m’ont sans doute reniflé. Je ne bouge plus non plus. La guerre des nerfs ;). Ils craquent. Je vois deux bulldozers bruns sortir du bosquet en trombe et traverser le chemin.

Là encore, pris d’une inspiration rare, j’ai le temps de penser qu’en lançant mon couteau juste, je pourrai peut être en tuer entre les deux yeux « Ouais c’est bien gentil tout ça ducon, mais tu ferais mieux de prendre une photo !!! » Je laisse tomber le couteau par terre et vise, clic clac kodak et déjà ils sont passés dans le buisson d’en face. Deux beaux sangliers, qui devaient donc fouiller les restes du gueuleton que j’avais pu voir dans la clairière à l’entrée de la mine. Bon voyons voir ce que donne les photos. « Oh de la terre floue… » Bon, loupé once again… Soupir.

Soupir quand là encore, branches qui craquent. Il en reste un. Je suis bien placé pour l’avoir celui là, je sais par ou il va sortir, par le même endroit que les autres. J’attends cinq minutes mais rien. Rien du tout. « Mince si ça se trouve j’ai rêvé, ou alors il est passé par ailleurs ». Pas patient pour deux sous, je décide d’en avoir le coeur, lâche le tromblon et tape un grand coup sec dans mes mains. Illico presto, un troisième panzer sort du fourré en trombe et traverse le chemin pour filer dans le fourrée d’en face. Et moi comme un con, les deux mains jointes et l’appareil en bandoulière. Décidément ce n’est pas le jour des photos.

Peu importe, j’étais parti pour voir des bestioles et je ne vais pas me plaindre, j’en ai vu ! Je finis la ballade un peu au pas de course, la nuit tombant, croise le chemin où sont garés les chasseurs (vraiment pas loin du parking…) et retrouve ma titine après trois heures de trotte.

Au bilan pas de photos, mais pas mal d’émotions et un beau couteau, c’était plutôt une bonne journée !

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