Raah, que ce titre me fait mal ! Et oui, après cinq jours incroyables à Oshkosh, il faut poursuivre les vacances ! La vie est dure. Mais laisser moi d’abord le plaisir de me remémorer ces deux derniers jours.
Hier, lever à l’aube, histoire d’être tôt à la base hydravions pour profiter des lumières matinales. La base hydravions, c’est une petite anse sur le lac Winnebago, juste à l’Est de l’aérodrome. C’est une base temporaire, active uniquement la semaine de AirVenture.
Le reste du temps, ce n’est qu’un plan d’eau sauvage. Il se trouve que ce coin de la planète s’avère être un petit havre de paix(sauf que les anges ont six pattes, font bzzzzzz et vous harcèlent pour vous sucer le sang), couvert de nénuphars, cerclés de saules, loin du bruit, de la foule et de la poussière de Wittman Field. Et là encore, une poignée de volontaires vous transforme ça en une base complètement opérationnelles, accueillant jusqu’à 130 hydravions sur la journée. 130 hydravions, ca doit être à peu près le parc européen au grand complet. A Biscarrosse, on en accueille deux douzaines en comptant bien, et c’est le gros rassemblement hydro de notre côté de l’Atlantique. En arrivant donc au petit matin, je découvre donc une cinquantaine de machine parquées sur des corps morts sur le plan d’eau. Prend ta claque de 8h du mat ! Ici les avions sont parqués à la main, tirés par un petit bateau, parce que c’est plus efficace que de le faire à grand coups d’hélice. Le proprio débarque au quai, on lui descend ses bagages et il donne les clés au garçon qui s’en va le parquer, comme devant un grand hôtel. « Et ne le rayez pas ! »
Alors c’est très bien tout ça, mais c’est dommage de ne pas pouvoir les voir de près me direz-vous. Et bien figurez-vous que trois bateaux à touristes font le tour du « parking », visite commentée par un volontaire. Instant de sérénité. Il faudra revenir ce soir pour avoir les belles lumières de fin de journée…
L’après midi, show, et ce coup-ci un « Jet Special ». Du MiG-21 (civil), du Sea Harrier (civil), de l’Alphajet (civil), du T-33, du L-29 en veux tu en voilà, du Fury, du A-4 et j’en oublie. Pour ceux qui se demandent pourquoi je précise « civil », il faut savoir qu’il s’agit d’ex-avions de chasses tout de ce qu’il y a de plus sérieux, qui sont d’ailleurs encore en service dans certains pays et pas forcément du tiers-monde. Et bien aux Etats-Unis, sous le registre « Experimental » (qui est la raison d’être de ce rassemblement et de l’association EAA qui l’organise), monsieur tout le monde peut en acheter un et le faire voler. Récemment, ce sont deux Su-27 qui ont été immatriculés, alors que l’avion représentait le top du top de l’aviation russe en … 1991. Tout ça pour dire que là encore, il est simplement inimaginables de voir cela en Europe, dans l’état actuel de la réglementation.
Suite à cela, encore de brillante démonstrations de voltiges jusqu’à 18h, puis je saute dans la voiture pour retourner à la base hydro. Belle lumière chaude de fin de journée. Re-tour en bateau. Le déclencheur crépite sec.
De retour à Wittman, c’est une attraction un peu particulière qui m’attend : Jonathan Trappe va s’envoler. Jonathan Trappe a été pris d’une épiphanie lorsqu’il a vu le film « Là haut » de chez Pixar. Il s’est dit que finalement n’importe qui avec quelques ballons et un peu d’hélium pouvait s’envoler. Alors pourquoi pas lui ? Just do it. Et il l’a fait. Et il a traversé la Manche comme ça. Il était présent à Oshkosh et a décollé vers 20h histoire d’éviter de se prendre un Phantom ou un Stearman dans la poire. Et de le voir assis dans sa nacelle, porté par des ballons multicolores qui ressemblent à autant de bulles de chewing gum, c’est assez bluffant. Les rires des enfants présents étaient d’ailleurs assez communicatifs. Pour la petit histoire, Trappe n’a pas atterri quelques kilomètres plus loin, pour amuser la galerie. Il a d’abord traversé le lac Winnebago. Puis le Wisconsin. Puis le lac Michigan. Et il n’a atterri que 24h plus tard à plus de 300km de son point de départ.
Quant à aujourd’hui, programme un peu particulier. Tout d’abord le temps s’est couvert, ce qui n’annonce rien de bon côté photo. Tant mieux parce qu’aujourd’hui se tient le « Electrical Aircraft Symposium », avec quelques belles conférences à la clé, dont celles Burt Rutan ou de Solar Impulse. Mais avant ça, pour profiter des derniers rayons de soleil, je m’offre un petit tour en hélico pour voir le site d’en haut. Ce n’est vraiment que là qu’on se rend compte de l’échelle de la manifestation. Toutes ces petites croix au sol, ce sont des avions. Toutes ces petits rectangles, des camping car, ou des voitures, ou des tentes. Et dieu sait combien il y en a !
De retour sur la terre ferme, j’assiste aux conférences. Intéressantes, mais surtout elles me font poser la question : en quoi ces mecs se différencient-ils de monsieur-tout-le-monde ? Qu’est ce qui fait qu’on passe du statut de quidam à celui de mec génial dont on boit les paroles ? Pas grand chose finalement. Certes Rutan est un ingénieur talentueux, certes Piccard parle bien et sait convaincre, mais au-delà, c’est surtout qu’ils font ce que le quidam ne fait pas : oser. Et c’est sans doute ce tout petit rien qui fait qu’ils ont des choses à raconter, du moins des choses intéressantes. Marrant aussi de voir la différence d’approche des deux hommes sur un problème commun : là où l’un est plein de certitudes, pourfend les vendeurs de réchauffement climatiques et ne s’intéresse à l’électrique que par ce qu’elle peut amener à l’aviation, l’autre laisse la porte ouverte et vend une certaine indépendance aux carburants fossiles…
L’après midi le show démarre sous un ciel bien gris. Dommage parce qu’il aurait de quoi s’en mettre dans le viseur avec un « Warbird Spectacular » avec des paquets de machines en l’air encore une fois. C’est pas tous les jours qu’on voit 4 B-17 voler de concert. Ou encore 2 P-38 avec un F-86 et un Phantom. Pas de photos donc, mais de bon souvenirs quand même.
Voilà, « ca c’est fait » comme on dit. Pour un 100e meeting, c’était sans doute le plus magique. Marrant de voir qu’après 20 ans de passion, j’arrive à encore à perdre ma mâchoire de la sorte. Tant mieux. J’ai bien fait d’attendre 15 ans pour y venir, parce qu’il y a un avant Oshkosh et un après Oshkosh, où on ne voit plus toutes à fait les choses de la même façon. D’ailleurs je ne sais pas si j’y reviendrai, de peur de gâcher un beau souvenir. Dans 15 ans peut être ?
Pour en finir avec Oshkosh, je vous remets la vidéo qu’y m’a décidé à venir cette année, et dont les belles images prennent désormais un sens pour moi. En espérant qu’il en sera de même pour vous un jour.
PS : Even if there’s the slightest chance of one of them ending there, I would like to take the opportunity to thank and congratulate all the EAA volunteers who make that happen. You guys have achieved a hell of a job !
Me suis dit ce matin que j’allais vérifier daedalum, on ne sait jamais 🙂
Je suis pas deçu… Pas encore vu les photos, mais tes commentaires m’ont mis l’eau à la bouche.
Tu t’en doutes je vais aller m’occuper de ma femme qui s’impatiente, mais je reviens plus tard regarder tes photos.
Ah oui aussi, on est content que ca te plaise, et dans 15 ans on vient tous les deux avec toi, Ines et moi! Olivia aussi pour nous surveiller 🙂
La grande question, c’est: sauras-tu apprécier un meeting en Europe après Oshkosh? Donc pas si sûr que t’attende 15 ans…