USA’10 – Days 8 & 9 – Un album photo grandeur nature

Depuis hier je suis à Dayton, Ohio. Pour y arriver, depuis Chicago, il faut traverser l’Indiana. L’Indiana, c’est un gigantesque champ de maïs et au milieu pour s’amuser ils ont mis deux grattes-ciel et un ovale pour voiture de courses. Autant vous dire que se lever à cinq heures du matin pour traverser du maïs pendant 2h, ce n’est pas très motivant. Mais pourtant, je me suis bien levé à cinq heures. La raison ? Et bien de l’autre côté du champ de maïs, il y a un des berceaux de l’aviation, là où les frères Wright ont mis au point leur Flyer au cours des années qui ont suivies leur premier succès sur une dune de Caroline du Nord en 1903.

La prairie au milieu de laquelle ils firent tous leurs essais et leur mise au point est restée quasi intacte, le hangar et la catapulte ont été reconstruit à l’identique. Si on était pas au seuil de piste d’une des plus grandes bases de l’US Air Force, en fermant les yeux on se retrouverait presque 100 ans plus tôt, avec le Flyer qui s’élance sur son rail, vole à quelques mètres du sol, son moteur pétaradant, ses grandes ailes blanches, Orville qui observe en bas et Wilbur qui fait de son mieux pour négocier le prochain virage. Mine de rien quand on foule l’herbe de cette prairie et que l’aviation occupe pour vous une place centrale, on se dit qu’on doit beaucoup à deux marchands de vélos et qu’on leur est bien reconnaissant. Que de chemin parcouru en cent ans !


Or il se trouve qu’à quelques encablures de là, se trouve sur la base aérienne le musée de l’US Air Force. Quand on sait l’influence qu’a pu avoir l’aviation militaire américaine sur l’aviation en général, et bien l’USAF Museum c’est un peu l’album photo de cent ans d’aviation, avec tous ses chemins, ses excès, ses exploits, ses échecs. Bizarrement, peu de photos du nouveau né, Orville et Wilbur n’étant pas vraiment prophète en leur pays, mais à partir de l’adolescence les images sont nombreuses.

En fait là encore, moi qui pensait avoir vu pas mal de musées d’aviation – et des gros – je ne m’attendais pas à tomber de ma chaise encore une fois. Tout d’abord, sans surprise, c’est vaste. Très vaste. Trois vastes hangars, un pour la période 1903-1945, un autre pour la Corée et le Vietnam, et un dernier pour la guerre Froide et l’aviation moderne. Ah non pardon, j’en oublie deux, un peu à l’extérieur : celui des avions présidentiels US et celui des prototypes, j’y reviendrai.

Ensuite, c’est superbement mis en valeur. Que les conservateurs de musées aéro y passent tous faire un tour. Hangars noirs, sans fenêtre, avions bien espacés et très bien éclairés, conditions idéales pour la photo, avions lumineux sur fond d’obscurités. Et les avions sont rutilants, état de restauration incroyable, bien entretenus. Bref, c’est nickel.

Enfin, c’est riche. Le Bourget, c’est riche. Hendon ou Cosford, c’est riche. Monino c’est riche. Mais là, ça dépasse tout ça de très loin. Vous ne faîtes pas 20 mètres sans vous étonnez du prochain avions qui se présente à vous. Pour les connaisseurs, une liste non-exhaustive de ce qui me revient en tête : P-82 (x2), Zero, Georges, Me-262, Spad VII, Fw-190D, B-18, B-29, B-1B, B-58, B-47, B-36, C-133, B-2, SR-71, F-117, U-2, AC-130, les Century Fighters et vous ne savez pas combien j’en oublie, parce qu’il y en a une quantité hallucinante. Pas loin de 200 machines toutes plus rares les unes que les autres. Et même pour les machines «pas si rares que ça», l’exemplaire présenté a toujours une histoire bien particulière. Presque tout ce qui a été dans l’inventaire est là. Ca fait deux jours que j’y traîne et j’ai l’impression de le faire au pas de course.

Et encore, ça c’était avant la visite des deux derniers hangars. En fait on vous y emmène en bus pour 45min, parce que c’est dans la zone active de la base aérienne. Sauf que 45min dans un hangar qui renferme X-1, X-3, X-4, X-5, X-15, X-24, XP-75, YF-23, YF-107, XB-70 Valkyrie, YF-12, et là encore j’en oublie, et bien c’est à peu près le supplice de Tantale. Ces monuments qui ont écrits les plus belles pages de l’aviation ces 60 dernières années méritent un peu plus. Du coup, je crois bien que j’y retourne demain. Record battu.

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