Jamais la devise du Big Lebowski n’aura été plus appropriée. Passer 48h enfermés dans un van à attendre la fin de la pluie, ça entame sérieusement le capital patience. Tout avait bien commencé pourtant, avec Quentin nous nous étions retrouvé sans difficulté à l’aéroport. Nous avions pris possession de notre camper, nous avions un GPS pour ne pas nous perdre en traversant Auckland et une clé 3G pour se sentir connectés à la civilisation, prêts à prendre la route. Direction Tutukaka / Matapouri, 200km au nord d’Auckland, pour aller piquer une tête à Poor Knights Island, un des plus beaux spots de plongée au monde. Sans le savoir, le nom de la destination était prémonitoire.
Tout commence par le van. En bon état, relativement fonctionnel, rien à dire de ce côté. Aucun problème si ce n’est le niveau sonore absolument monumental. Certes le premier kilomètre effectué frein-à-main serré n’a pas aidé, et certes l’aspect « grande caisse vide » n’arrange rien, mais entre les basses, la musique qu’on reconnaît à peine et les discussions difficiles en forçant la voix, on se croirait en discothèque. Sauf qu’on a plus de 3000 bornes à faire dans cette boîte là ! La moindre côte dans laquelle la boîte auto rétrograde nous faire subir un vrai supplice. A se demander si la ligne d’échappement n’est pas percée.
Depuis Auckland le temps était maussade et couvert, et la petite pluie se renforce gentiment au cours des deux heures de routes. L’espoir d’une journée de plongée ensoleillée le lendemain semble de plus en plus maigre. Nous arrivons finalement au Tutukaka Holiday Park et demandons au patron si le temps va s’améliorer. « Vous n’êtes pas au courant ? » est toujours une réponse inquiétante quand vous n’êtes pas au courant. Et voilà qu’il nous explique qu’un avis de tempête a été émis pour le lendemain, une énorme dépression descendant des Fidji atteindra la côte dans la nuit. Il nous conseille de continuer la route au nord, mais les deux heures de route nous ont déjà mis la tête comme des citrouilles et nous n’avons pas le courage de remettre ça, de nuit de surcroît. Nous repartirons demain matin, direction Auckland, pour faire inspecter le van et éventuellement en changer. Installation du van au mode dodo, avec la pluie qui se renforce et le vent qui la pousse à l’horizontale. On se glisse dans les duvets pour notre première nuit, à dormir d’une oreille pour surveiller le bruit de gouttes qui tapent sur la carrosserie et les rafales de vent qui secouent la cabine.
Réveil tranquille à huit heures, nous déjeunons tranquillement sans se soucier de ce qui se trame dans la région. On rigole déjà moins quand au moment de quitter le camping, le gérant nous averti que la route du sud est coupée par une inondation, et qu’il faut faire un détour par la route du nord en espérant qu’il est encore temps. Un peu inquiets, nous partons sur le champ, longeons la côte frappée par des vagues impressionnantes, et nous faufilons sur des routes bien sinueuses qui nous rappellent la douce mélodie du moteur. En fond de vallée, les champs ont laissé place à de beaux étangs fraîchement nés. Une demi-heure plus tard, passé Matapouri, mauvaise nouvelle : la route du nord est également coupée. Nous voilà donc isolés du reste de la Nouvelle-Zélande, aucun moyen de rallier Auckland et de piquer vers le sud où le temps est moins mauvais. Bloqué à Tutukaka, son restaurant, son general store et son camping, avec à peu près rien à faire et une pluie qui n’a de cesse de s’acharner sur notre campervan. Dans un sursaut d’optimisme, nous louons un DVD au general store pour tuer le temps. Il ne passe pas, rayé. Nous l’échangeons contre un autre, qui ne passe pas non plus, rayé. Troisième tentative, même cause, mêmes effets. Tant pis, il va falloir trouver autre chose pour passer le temps. Et une autre nuit au camping de Tutukaka.
Take it easy man !