Le Rêve Américain – Part III – South Lake Tahoe et Yosemite

Et voilà, on quitte Reno sur une magnifique victoire de Rare Bear après une course au coude à coude avec September Fury, qui cassera son moteur dans le dernier tour. Changement de style pour les jours à venir. On prend de l’altitude. Avec une étape à South Lake Tahoe dans un premier temps. Le Lake Tahoe, c’est un peu le havre de paix à la Californienne. Un joli petit lac à l’eau bien claire à 2000m d’altitude, bordé de pins et de sequoias. L’été c’est une station balnéaire huppée, l’hiver c’est une station de ski huppée. Mais c’est vraiment superbe. Dommage de n’y passer qu’en coup de vent. En plus j’avais dégoté un super motel à pas cher, tenu par une suisse allemande adorable, avec de grandes chambres tip-top en ordre.

C’est très joli, mais c’est pas forcément le monde des bisounours. Ici comme dans toutes les high sierra en été, le risque de feu de forêt est très grand, comme l’indique Smokey Bear. Le sol est juchée d’épine de pins sèches qui ne demandent qu’à s’embraser. De fait la plus grande vigilance est de rigueur, et les Rangers se chargeront de vous le rappeler le cas échéant.


Il est ensuite temps de prendre la route direction Yosemite Park si je ne veux pas arriver trop tard. J’ai beau avoir réservé l’emplacement de camping, c’est toujours plus agréable de planter sa tente… de jour, et je compte sur 4h de route. 4h de route effectivement pour arriver à l’entrée Est du parc, après un passage sur le Mono Lake et la montée du Tioga Pass (3031m) qui donne du fil à retordre à Titine qui est un relativement gros veau…

J’arrive donc dans le parc Yosemite à 17h30, ce qui me laisse a priori du temps pour faire la route qui me sépare du camping et arriver avant la nuit (19h30). La lumière de fin de journée est superbe et les panoramas aussi. Je m’arrête par ci pour un faire un, par là pour en faire un autre. Le parc est de toute beauté, constitué de grandes étendues de pins et de séquoias, de lacs, de formations géologiques toutes particulières. Si ça ne tenait qu’à moi, je m’arrêterai tous les 500m pour faire des photos.

Un coup d’oeil à la montre : 18h15 !!!! Oulala, mais je suis encore loin du camping et l’heure tourne. Il faut dire que le parc n’est pas petit (3000km²), et que tout le monde roule au pas pour admirer la contrée. Mince, va falloir que je m’énerve un peu si je veux dormir « confortablement » ce soir. En fait, il faut compter 1h30 pour rallier le camping depuis l’entrée Est. Et avec les photos, j’arrive enfin à Upper Pines Campground à 19h. La Yosemite Valley est déjà dans l’ombre. Ca va être chaud. J’arrive à l’entrée, le bureau d’accueil du camping est fermé depuis… 16h30. Fonctionnaires !!! Bon, je rentre avec la voiture, en espérant trouver mon emplacement libre, et on se débrouillera plus tard avec les Rangers. Cela étant dit, le camping est au pied d’une falaise de quasiment 1000m de haut, l’environnement est magnifique. Ouf l’emplacement est libre, j’y installe ma petite tente fissa, au milieu de motorhome gros comme des autobus. Evidemment je me galère parce que c’est ma nouvelle tente et je découvre le montage en live. Hop, c’est enfin monté tendu, mais ca y est il fait nuit. J’enchaine sur la bouffe avec mon nouveau réchaud ($50, alors qu’en fait on trouve des recharges CampingGaz même ici, je suis deg’), dans le noir, mais vu la gueule de la bouffe c’est peut être pas plus mal.

Je m’enfile ça vite fait, le stress retombe, et je prépare tranquillement ma balade du lendemain à la frontale. Mon choix est fait, ça sera un trek de 25km jusqu’au sommet de Glacier Point, en haut de la falaise qui surplombe le camping. Ce faisant un Ranger faisant sa ronde nocturne à la Maglite se pointe à ma table. Pas de soucis pour l’arrivée tardive, il avait bien prévu que je viendrai. On remplit la paperasse et il me fait un topo sur … les ours. Et oui, Yosemite, c’est 3000km² préservés à l’état complètement sauvage, exception faite de la Yosemite Valley et des sentiers de rando. On y trouve donc toute la faune sauvage, dont loups et ours. Ces derniers ont bien compris que les campings étaient du pain béni pour eux quand il s’agit de se ravitailler. Et de fait ils viennent roder la nuit, à la recherche de nourriture, et difficile de tromper leur odorat. Ils ouvrent volontiers les voitures comme des boites de conserve si on a la malheur d’y oublier qqch qui sent bon, même du savon. Je vous parle pas des tentes. De fait là aussi les consignes sont strictes. Mon Ranger m’explique que tout ce qui a une odeur doit être enfermé dans un casier en métal fait exprès pour, les poubelles sont fermées/ renforcées, interdiction de jeter l’eau de vaisselle par terre etc. Ca n’empêche pas certains d’oublier, et donc les ours de continuer à roder. Que faire si on en croise un ? Là aussi c’est très simple, il faut l’agresser. Se pointer vers lui en braillant « GO BEAR, GO !!! » comme si on supportait l’équipe de foot du coin, faire du tintamarre avec ce qu’on à sous la main. Ca le fera sans doute fuir, et surtout ça alertera les voisins et les Rangers. En dernier recours , et au diable les écologistes, il faut caillaisser la pauvre bête pour la faire fuire. « Bien M’sieur, oui M’sieur ».

Je range mes affaires et vais me coucher au fond de mon sac, quand j’entends au loin « Go bear, go !!!! ». Humm, ambiance. Je prévois déjà ma lampe torche, la télécommande de l’alarme de la voiture et des munitions au cas où. Cela dit je suis bien crevé et m’endors de suite. La nuit fut calme, si ce n’est les trois ours que j’ai du tuer à mains nues parce qu’ils voulaient me piquer mon Yop les salauds, … dans mes rêves bien sur.

Réveillé par le soleil à 7h30, le tente est encore là, la voiture aussi, les voisins aussi. Je me prépare vite fait et à 8h30, me voilà sur le Mist Trail, direction Nevada Falls dans un premier temps, puis Glacier Point « dans la foulée ». J’avale les premiers 600m de dénivelé en 3h. Le panorama est somptueux, ici tout est grand et grandiose. Les photos ne rendent pas 1/10e de ce que ca peut être en vrai. Je continue gentiment les 8km qui me séparent de Glacier Point, ou je compte casser la graine vers 13h30. Sauf que les salauds me font d’abord redescendre de 300m, et donc remonter ensuite de 600m. Il est 13h, soleil au zénith, à 2000m+, avec 15km dans les pattes, c’est un peu galère et j’ai hâte d’arriver en haut. Finalement j’arriverai à 14h15, tout naze et ne pensant qu’aux sandwiches au fond de mon sac. Là haut le point de vue est superbe, je suis à l’aplomb du camping d’où je suis parti 5h30 plus tôt. Malheureusement la visi n’est pas très bonne car un incendie de forêt plus en aval disperse une fumée blanchâtre assez persistante. J’enfile tout mon miam, et je pars pour une sieste réparatrice. Heureusement le dernier bout de la balade n’est que de la descente jusqu’au fond de la vallée. Toutefois, 2h de descente, ça fait mal aux pattes aussi. J’arrive donc enfin en bas avant 18h, quasi-mort mais heureux après un superbe trek au milieu de panoramas gigantesques, d’apic vertigineux, de cascades, de séquoias, de petits écureuils pas farouches. Pas vu d’ours toutefois et peu de rapaces. Tant pis, de toutes façon je m’étais pas encombré du télé.




Demain on replie la tente, on retraverse le parc dans l’autre sens, on descend le Tioga Pass et direction le sud et la Vallée de la Mort. Finie l’altitude, on passe sous le niveau de la mer.


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