Au réveil, l’ambiance est morose, la faute au temps encore une fois maussade. Pluie et nuages bas sont fidèles au rendez-vous. La randonnée de la journée au beau milieu d’un des sites les plus pittoresque de l’île vient de passer au conditionnel. Il faut quand même allez voir ce que ça donne sur place, avec un peu de chance le départ de la rando, légèrement en altitude, se trouvera au dessus de la couche nuageuse qui nous paraît très basse.
Première expérience de la journée : nous agrémentons le petit déj brioche-nutella par un fruit local trouvé la veille au soir au marché. Son look nous avait intrigué, et on nous avait répondu que le contenu pouvait se manger en dessert ou comme fruits du matin. Je me décide à couper mon Horned Melon, sorte de mangue à picots jaunes et rouge, pour voir ce qu’il a dans le ventre et découvre un intérieur vert fluo plein de graine. Je presse ca dans mon bol pas du tout convaincu, et à la première cuillère le verdict : c’est à la fois acide et gluant. Bref comme la tarte au concombre quoi, j’aime pas ! Sans le savoir, le reste de la journée sera à l’image de ce breakfast : des initiatives mal récompensées !
Nous quittons le camping et la grande éclaircie au-dessus du lac Taupo semble être de bonne augure, mais au fur et à mesure de la route le verdict se confirme : les nuages s’accumulent sur les versants du Ruapehu et du Ngauruhoe, la fameuse Montagne du Destin du seigneur des agneaux. La route nous amène finalement en plein dans la couche, pas au dessus, et la visibilité tombe à cent mètres. Nous ne voyons même pas la pente du relief, impossible de s’imaginer que nous sommes au pied d’un massif qui culmine à près de 2800m. Des éclaircies étant annoncées dans l’après midi, nous commençons par tuer le temps dans le Visitor Center qui explique la formation de ce massif. Mais 20min plus tard le tour est bouclé et toujours aucun signe d’amélioration. Nous temporisons encore un peu plus en mangeant dans le seul bistrot du coin. Pas mieux : nous choisissons de bouger et d’éventuellement revenir plus tard dans la journée. Cap au sud, en espérant que le versant sous le vent soit plus clair.
Nous tirons jusqu’à Ohakune au sud du parc puis empruntons une piste qui tire droit vers le sommet que nous ne devinons toujours pas. A mi chemin, nous entamons une petite balade vers Mangawhero Falls, l’occasion de goûter à la qualité des sentiers et des installations des parcs nationaux néo-zed, qui sont à l’image de leurs routes : impeccables. Pont pour passer les cours d’eau, chemin hors sol pour protéger la flore. La balade nous fait passer au dessus de marais ressemblant étrangement aux Marais de la Mort du film cité plus haut. L’espace d’un instant le Ruapehu se découvre furtivement à notre regard. Nous poursuivons jusqu’aux chutes et la pluie nous rattrape juste quand nous rentrons à la voiture. Aucune amélioration ne s’annonçant, nous décidons d’abandonner ces volcans là pour le suivant : le Taranaki, 100km à l’Ouest.
Faute de State Highway reliant les deux, nous nous engageons sur le réseau secondaire pour ce que nous pensons être deux heures de routes. Sauf que le réseau secondaire est constitué de petits routes sinueuses, certes très pittoresques, mais à notre grande surprise, pas forcément bitumées. Notre campervan ne bronche pas et absorbe les 40km d’une piste en gravier qui attaque le relief, perdue au beau milieu de nulle part, avec pour seul voisin la végétation, toujours aussi dense, toujours aussi verte, toujours aussi variée. Au début nous pensons nous être trompé de route mais les coordonnées GPS confirment que nous sommes bien sur la route 43. Dont acte, nous poursuivons, et l’humidité qui s’élève en nuage du fond des vallées donne un côté surréaliste de piste amazonienne. Arrivés de l’autre côté du relief, notre ami la pluie retrouve notre chemin et ne nous lâche plus jusqu’à New Plymouth, petite ville de la côte Ouest au pied du Taranaki. Nous ne verrons pas plus son sommet, ni même sa silhouette, que nous n’aurons vu celles des volcans du Tongariro. Relativement déçus, nous vengeons notre journée sur un énorme steak dans la seule steakhouse de New Plymouth en espérant que le sort ne s’acharne pas sur nous le lendemain.
Retrouvez les (rares) photos de la journée ici.