Le départ se fait encore une fois sous un ciel limpide. Nous quittons un lac pour un autre, plus proche du massif alpin, le Lake Pukaki que nous avions déjà entrevu la veille. Ce coup ci nous le suivront jusqu’à arriver à Mt Cook National Park, qui regroupe les plus hauts sommets de l’ile et les plus grands glaciers également. Finalement nous ne serons qu’à quelques kilomètres de Franz Joseph et Fox Glacier où nous étions quelques jours plus tôt, mais après un détour obligé de près de 600km.
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La route longe la rive ouest du lac, sorte de doigt bleu tendu vers le Mt Cook au nord, qui se découvre au fur et à mesure que la route avance, entouré de son cheptel de sommets et de son enrobage de glace. La couleur de l’eau nous hypnotise, une sorte de turquoise laiteux, parfaitement lisse, dans laquelle la blancheur des sommets se reflète. Nous arrivons au Visitor Center de Mt Cook Village, un modèle du genre avec une exposition remarquable sur la formation des Alpes et la vie dans les montagnes. Nous nous présentons au comptoir pour se renseigner sur les balades à faire, et la fille nous répond « je suis à vous tout de suite ». Les frogs sont partout dans ce pays. Elle nous présente donc le choix entre une balade relativement plate jusqu’au pied du glacier du Mt Cook, ou alors une balade avec un très beau point de vue sur la chaîne, avec 550m de dénivelé sur 3km et « quelques escaliers » (sic). Etonnant de voir que des sites avec autant de potentiel sont finalement relativement peu exploités. Le choix se porte évidemment sur la balade aux escaliers, et le temps de préparer les sandwiches nous voilà au point de départ.
Difficile de distinguer à quoi ressemble le chemin qui commence dans la verdure, c’est parti, on verra bien. Et on a bien vu. Après 500m relativement plats, les premières marches se présentent, de belles marches en bois, installé par le DOC qui prend vraiment soin des infrastructures de randonnées. De belles marches aussi par la taille, et il faut bien lever les guiboles. Une marche en suit une autre, puis une autre, puis une autre, et ce qui devait être « quelques escaliers » n’est en fait qu’un unique escalier de 500m de haut qui attaque droit dans la pente le long d’un petit torrent, en plein soleil. 2200 marches, rien que ça, la Tour Eiffel passerait pour un tabouret de cuisine en comparaison. La meilleur façon de monter, c’est de mettre un pied devant l’autre mais au fur et à mesure la cadence se ramollit. Les pauses nécessaires permettent de profiter de la vue sur le Mt Cook, Aoraki en maori, qui culmine à plus de 3700m. Un peu moins depuis qu’un énorme éboulement lui a volé 10m du sommet il y a une vingtaine d’années. Une heure et demi plus tard, nous voici au sommet de la balade, à Sealy Tarns, 1250m, un véritable balcon sur les alentours.
Le chemin poursuit jusqu’à une hutte 500m plus haut mais les cuisses et l’estomac disent stop. Le casse-croute s’avale alors qu’on entend nettement les craquements du glacier voisin, au pied du Mont Sefton. Le retour ne sera pas beaucoup plus confortable, faisant découvrir des muscles insoupçonnés, mais il a au moins le mérite d’être plus rapide. Retour au camper, on nous a promis un promis un lac avec des icebergs au niveau d’un autre glacier dans la vallée voisine, Tasman Glacier, dont les 27km font de lui le plus long du pays. Le doute nous habite car vu l’altitude et la température ambiante, il est difficile d’y croire. Encore une fois la route se transforme en piste bien poussiéreuse et surprise au détour de cette route touristique menant vers nulle part : un contrôle de police. Mauvaise idée quand on n’a pas mis sa ceinture en se disant que le chemin n’est pas très long. Thank you Officer, on espère donc qu’il y aura bien des foutus icebergs sur ce lac pour justifier les $150 qu’il va falloir lâcher au gouvernement local.
Heureusement ils sont bien là, et là vue est assez surprenante : le glacier est noir de poussière et de pierres, les montagnes sont jaunes-vertes et le lac est blanc-gris laiteux, avec quelques jolis blocs de glace saupoudrés à sa surface. Deux bateaux emmènent des touristes au plus près et donne l’échelle à l’ensemble. Les blocs de glace sont en fait assez énormes. Le soleil décline est l’ombre commence à gagner les vallées. De la route nous attend encore, pour la dernière fois, et sillonne au milieu des mamelons couverts de tussocks qui attrapent cette lumière de fin de journée. La fin du voyage se rapproche et les pensées se tournent plus sur ce que nous avons vu, fait, vécu, ces trois dernières semaines que sur ce qui nous reste à faire. Et pourtant, ce dernier jour à Wanaka, ça faisait plus de quinze ans que je l’attendais.
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